Le festival Theater aan Zee s’inscrit cette année sous le thème général ‘Le Temps d’une Chanson’. Mais sa directrice artistique Cindy Godefroi prend aussi ‘le temps’ d’aborder d’autres sujets. 

Cette année, Theater Aan Zee (TAZ) aura pour thème central le temps, avec un ‘t’ minuscule et majuscule. D’où est venue cette idée ? 

“L’idée a grandi de manière organique à partir du thème de 2024, qui traitait des ‘générations’. Le temps préoccupe tout le monde. Pas seulement les personnes plus âgées qui ont souvent tendance à perdre la notion du temps ou pour qui le temps devient une urgence.” 

Le grand thème cette année est ‘Le Temps d'une Chanson’. Autrement dit, le TAZ va prendre le TEMPS. Mais comment capturer un concept intangible et en faire un art scénique ? 

“Tout tourne autour du temps. Il nous appartenait de mettre l'accent là où il le fallait, d'aller plus loin, comme il sied à un festival de grande envergure. Pas question de nous enfermer dans un carcan. Nous avons préféré laisser l’esprit du temps venir à nous. Ou comme l’a si bien dit Jean-Paul Van Bendegem, “La musique est un processus dans le temps”. Mais lorsque nous écoutons quelque chose, nous ne prenons pas vraiment conscience du temps. C'est une question de flux, de déroulement des choses. C’est pourquoi j’aime tant le sous-titre de cette année : ‘Le Temps d'une Chanson’.

Ça peut parler d’adieu, de soins, des liens que nous entretenons avec les personnes plus âgées et avec les autres en général. Mais aussi de la façon dont les jeunes appréhendent l'intimité et la sexualité, de la façon dont ils envisagent leur avenir dans le monde actuel. Comment ressentent-ils le temps passé dans les salles d'attente de la vie : la prison, une unité psychiatrique, l’accueil de nuit, ou simplement un moment sur un banc dans un parc. Tous ces thèmes et sentiments sont présentés de différentes manières : dans un spectacle, par le biais d'un débat et de la musique.
 

Les deux ‘brise-lames’ de cette année sont Jean-Paul Van Bendegem et Farnoosh Khodadadeh. Ce sont des bâtisseurs de pont très différents.

“Issue de l’immigration, Farnoosh est infirmière de profession. C’est aussi une musicienne de talent. De son enfance sur fond de guerre en Iran, elle garde le souvenir des berceuses que lui chantaient ses parents. Pour elle, c’est ça la vraie vie. Je l'ai accompagnée dans des maisons de retraite, où elle chantait pour les résidents. C'est très intime.

Quant à Jean-Paul Van Bendegem, il donne une interprétation très différente de notre festival. Je l'appelle ‘l'homme aux yeux d’enfant’ en raison du regard étonné et émerveillé qu’il continue à poser sur les choses. Il essaie de comprendre le temps d'un point de vue mathématique et philosophique et a écrit Time Notes pour le TAZ. Comment calculer le temps à travers le prisme d’un sablier qui fonctionnerait pendant dix jours ? Il est arrivé à la conclusion expérimentale qu'il pèserait 95,040 grammes et contiendrait 8 640 000 grains. Dans une autre note sur le temps, il résume l'univers entier en  10 jours de TAZ, l'homme n'apparaissant que le dernier jour.”

En 2019, Theater aan Zee avait pour curatrice Caroline Pauwels, la rectrice de la VUB, entretemps décédée. Cette année, le festival va décerner une bourse Caroline Pauwels pour l’émerveillement.

“En effet. Le TAZ partage la pensée et la philosophie de Caroline et entend bien les perpétuer. Nous avons donc décidé d’octroyer une bourse à un ou une artiste de scène qui combine la danse, le théâtre ou toute autre forme d'art avec la science. Le dernier jour, un jury présidé par Jean-Paul Van Bendegem élira l’initiative répondant le mieux à cette exigence et lui offrira la bourse, pour que l'œuvre puisse ensuite être présentée pour la première fois lors de la prochaine édition des Chambres d'O.